Synonyme de réconfort pour la majorité, un repas aussi savoureux soit-il, est une source de stress et d’anxiété pour les personnes qui sont aux prises avec un trouble alimentaire tel que l’anorexie, la boulimie ou l’hyperphagie (grands excès alimentaires). Chez certaines personnes, la gestion du comportement alimentaire en est impactée et affecte leur santé physique et psychologique. Pour éviter d’être le point de mire, les personnes qui ont une relation conflictuelle avec la nourriture préfèrent parfois s’isoler, cherchent à éviter les rencontres sociales et en viennent à s’éloigner de leurs proches. Seules avec elles-mêmes, elles ont tout le loisir de verser dans l’excès ou la privation, ce qui entraîne souvent des répercussions très importantes sur leur vie et celle de leur entourage.
Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), un trouble alimentaire est :
« Une perturbation persistante dans l’alimentation ou dans les comportements alimentaires qui entraîne une consommation ou une absorption alimentaire altérée et qui affecte significativement la santé
physique et/ou psychologique ».
Les principaux troubles sont :
L’anorexie
Restriction importante de la consommation d’aliments menant à une perte de poids renforcée par la peur de prendre du poids et certains comportements interférant avec la prise de poids (ex. : excès dans l’exercice physique, médicaments coupe-faim).
La boulimie (hyperphagie boulimique)
Épisodes récurrents de consommation excessive d’aliments suivis de comportements compensatoires de perte de poids (vomissements, utilisation de laxatifs, de diurétiques ou d’autres médicaments, exercice physique ou jeûne).
L’hyperphagie
Consommation excessive d’aliments par épisodes, sans comportements compensatoires de perte de poids (sport, vomissement...).
On compare souvent les troubles alimentaires aux troubles de dépendance à l’alcool ou à la drogue. Et pour cause, car s’alimenter active les mêmes régions du cerveau que le fait de consommer d’autres substances. Une récente étude a d’ailleurs démontré que, chez les obèses morbides, l’image de la nourriture provoquait le même effet sur le cerveau que l’image de la cocaïne chez les individus dépendants à cette substance. C’est ce qu’on appelle le système de la récompense. Ce système est généralement activé pour favoriser les comportements utiles et nécessaires à la survie de l’espèce humaine comme s’alimenter, se reproduire, etc. Or, il arrive parfois que son équilibre soit affecté et que la personne en vienne à consommer trop — ou pas assez — de nourriture. C’est lorsqu’une personne présente un tel dérèglement du système de récompense qu’on considère qu’elle est à risque de développer un trouble alimentaire.
Le rôle des facteurs génétiques dans le développement de troubles alimentaires a été scientifiquement prouvé. « On comprend maintenant que ce sont de véritables vulnérabilités physiques qui sont activées par des expériences concrètes dans l’environnement ».Ce postulat permet d’aborder le problème sans blâmer les personnes atteintes ou leurs parents, ce qui favorise le processus thérapeutique
dans son ensemble. Il renforce également le fait que les troubles alimentaires ne sont pas irréversibles, qu’on peut s’en sortir en agissant sur son environnement, en trouvant des solutions pour faciliter son rétablissement.
L’ennui peut aussi avoir des répercussions importantes sur les comportements alimentaires. En effet, dans la littérature scientifique, on observe une incidence entre l’ennui et l’apparition de comportements obsessifs compulsifs, anxieux et dépressifs.
Plusieurs facteurs psychologiques peuvent aussi entrer en jeu. Certains traits de personnalité, comme le perfectionnisme, le besoin de contrôle ou d’attention, la faible estime de soi, sont fréquemment retrouvés chez les personnes souffrant de TCA
Par ailleurs, les TCA sont fréquemment associés à d’autres troubles de santé mentale, comme la dépression, des troubles anxieux, des troubles obsessionnels compulsifs, l’abus de substances (drogues, alcool) ou encore des troubles de la personnalité. Les personnes atteintes de TCA ont une capacité à réguler leurs émotions altérée. Le comportement alimentaire déviant est souvent un moyen de « gérer » des émotions, comme le stress, l’anxiété, la pression professionnelle. Le comportement procure un sentiment de confort, de soulagement, même s’il est parfois associé à une forte culpabilité (surtout en cas d’hyperphagie).
La prise en charge des TCA repose sur des interventions psychologiques (individuelles, familiales ou de groupe) qui ciblent le comportement anormal, mais qui doivent aussi permettre d’améliorer l’estime de soi.
Les compulsions alimentaires ont un potentiel addictif, qui altère souvent la volonté de s’en sortir. Cela étant, il est possible de guérir complètement, surtout si le diagnostic et la prise en charge sont faits
rapidement. Dans tous les cas, le traitement vise à normaliser le comportement alimentaire. Aucune étude ne montre la supériorité d’une thérapie par rapport à une autre. Le traitement doit se poursuivre plusieurs mois pour être pleinement efficace.
La psychothérapie, dont le but est de réaliser un travail profond sur soi-même, a un intérêt dans le traitement des TCA. S’effectuant sur une longue période, elle permet de mieux comprendre les causes du trouble, et donc de modifier en profondeur les croyances et les peurs qui peuvent alimenter le problème alimentaire.