Grandir sans père : quand le père est absent

Comment combler l'absence ?

Il est difficile, pour un enfant, de ne pas grandir avec ses deux parents. Chacun a son rôle et lui apporte ce dont il a besoin pour se développer dans les meilleures conditions. Grandir avec un père absent peut parfois être lourd de conséquences : manque, méfiance, baisse de l’estime de soi…

Le rôle du père, aussi vital que celui de la mère

Comme la mère, le père a un rôle important pour l’équilibre d’un enfant. Ces deux figures parentales lui permettent de trouver un équilibre et d’avoir des visions différentes de la vie.

Le regard que le père pose sur ses enfants est primordial pour leur construction identitaire et leur estime d’eux-même. Pour une fille, c’est à travers des phrases telles que « tu es mignonne, tu es jolie » l’aideront à prendre confiance en elle et à construire son rapport aux hommes. Ne pas grandir avec son père peut générer une méfiance envers les hommes. Quant aux garçons, ils prennent, généralement, modèle sur leur père et c’est de cette façon qu’ils évoluent vers l’âge adulte. Sans cette figure, ils peuvent développer une surprotection pour leur mère, leur soeur, leur copine…

Remplacer le père absent par une autre figure masculine

Nous pouvons souvent entendre « qui s’absente trop finit par ne plus manquer » mais ce proverbe n’est pas vrai lorsqu’il est question du manque de père. Il y aura toujours un manque chez l’enfant. Cependant, il est en partie possible de remplacer le père absent par une autre figure : grand-père, oncle, beau-père… ». Ces personnes permettent de donner un contre-poids à la figure maternelle et donne à l’enfant un repère masculin dont il a besoin pour grandir.

Malgré cette nouvelle figure de « père », il faut metttre en garde de ne pas « dénigrer" celui qui est absent en face de l'enfant car il pourrait le traduire par « je suis un fils/fille de ce père critiqué donc je suis moi aussi critiquable », ce qui ne l’aide pas à construire son narcissisme. À la place, l’entourage peut expliquer à l’enfant que son père ne pouvait pas faire autrement. Souvent ces pères sont eux-mêmes victimes de parents absents et sont dépendants de leurs histoires familiales. Attaquer un parent, quel qu’il soit, devant l’enfant, c’est symboliquement attaquer une partie de l’enfant car il est le résultat de ces deux personnes.

Une peur de l’abandon, un manque d’estime, surjouer une identification…

En plus du manque ressenti, l’enfant subit d’autres conséquences lorsqu’il grandit sans son père. Cet abandon provoque une fragilité narcissique qui l’empêche d’avoir une bonne estime de lui-même. L’enfant se demande pourquoi son père ne s’intéresse pas à lui et pense « qu’il ne vaut pas grand chose et qu’il n’est pas intéressant car, autrement, il n’aurait pas été abandonné». Il grandit également avec une peur de l’abandon qui le poursuit dans tous types de relation. Cette angoisse s’avère être handicapante face à son entourage. Avec les autres et une fois adulte, la personne abandonnée peut « leur en demander trop pour compenser et réparer cette absence qui n’est pas de leur faute, précise Nicole Prieur. Mais son entourage ne pourra jamais combler entièrement ce manque, ce qui la laisse dans une éternelle insatisfaction. Une autre conséquence est qu’inconsciemment l’enfant va surjouer une identification à ce père absent. Moins il est présent, plus il lui manque et plus l’enfant risque d’essayer de créer un lien qui n’existe pas ou s’inventer des caractéristiques communes.

En conclusion : L'absence du père dans la construction psychologique d'un individu peut créer un vide profond, affectant la formation de l'identité, de la confiance en soi, et des relations interpersonnelles. La figure paternelle joue souvent un rôle clé dans le développement de l'enfant, représentant l'autorité, la protection, et l'équilibre émotionnel. Lorsque cette figure manque, l'individu peut se retrouver confronté à des difficultés psychologiques complexes, telles que des sentiments d'abandon, des troubles de l'attachement, ou une quête incessante de reconnaissance.

La psychanalyse offre un cadre thérapeutique puissant pour explorer les dynamiques inconscientes liées à l'absence du père. En remontant aux racines de ces sentiments, la psychanalyse permet de dénouer les conflits internes qui peuvent avoir été enfouis dans l'inconscient. Le travail avec un psychanalyste aide à comprendre comment l'absence du père a façonné la psyché, et à reconstruire une image intérieure du père qui peut permettre de réintégrer cette figure de manière symbolique. Cette intégration peut amener à une meilleure compréhension de soi, et à une réparation des blessures psychiques qui ont pu entraver le développement personnel.

L'hypnose, en complément de la psychanalyse, peut jouer un rôle significatif dans ce processus de guérison. En état d'hypnose, le patient accède à un niveau de conscience modifié, où il devient possible de reprogrammer certaines croyances et émotions profondément ancrées. L'hypnose permet d'explorer des souvenirs et des émotions liées à l'absence paternelle, et de les recontextualiser dans un cadre où le patient peut ressentir un sentiment de sécurité et de soutien. Par exemple, l'hypnose peut être utilisée pour renforcer l'estime de soi, ou pour développer une nouvelle perception de la figure paternelle, qui ne soit plus uniquement associée à l'absence ou au manque.

En somme, la psychanalyse et l'hypnose, lorsqu'elles sont utilisées de manière complémentaire, offrent des outils puissants pour traiter les séquelles psychologiques laissées par l'absence du père. Ces approches permettent de transformer un vécu potentiellement destructeur en une opportunité de croissance et de résilience, en aidant l'individu à se reconstruire sur des bases psychologiques plus saines et équilibrées.